mardi 24 novembre 2015

Une semaine sur OFF...

Une semaine sur OFF.

Nombreux ont été, ceux, qui à l'issue du week-end qui a suivi les attentats du 13 Novembre à Paris ont coupé le son.
Le son des réseaux sociaux.
Trop anxiogènes,étouffants.

Pour d'autres raisons, j'ai fait de même.
J'ai coupé.
J'ai fermé, désinstallé.
Le RT trop présent, le partage de statuts trop rapide.
L'actualité du vendredi n'ayant pas arrangé les choses : cher et tendre a dit "STOP".
Pour mon bien, et le sien...
Sevrage à deux niveaux.
Des réseaux sociaux, de façon générale d'un côté.
Et de l'ambiance anxiogène, des analyses politiques des politologues de canapé, des donneurs de leçons de salon, de l'autre...
Je me suis contentée des "vraies" informations.
J'ai même à nouveau regardé le journal de 20h (une fois).
C'est étrange mais on s'y fait, à cette coupure.
Bien que j'ai tout réinstallé, que j'ai regardé un peu ce qui s'était dit depuis 7 jours, je n'ai rien posté. Rien reposté.
Sorte de lassitude.

Rien n'a vraiment changé en une semaine.
J'ai découvert les péripéties de "Jawad le logeur", j'ai vu les notifications d'anniversaires que j'ai loupées, les photos de profil quitter peu à peu le drapeau tricolore, certains statuts redevenir routinier, les messages manqués,  des invitations pour des groupes citoyens qui tentent de trouver des solutions pour se protéger,  s'entraider... Même les chaînes de télé ont retiré leur bandeau noir.
Passée la frénésie du week-end de deuil où chaque seconde on lisait qu'il ne fallait pas aller à tel ou tel endroit. De source sûre.

J'ai vu les témoignages de certains rescapés, ceux des familles de victimes. J'ai pleuré en écoutant Aurélie, maman d'un petit garçon de trois ans, enceinte d'une petite fille, évoquer avec une dignité presque déstabilisante la disparition de l'amour de sa vie. Présent au bataclan.
J'avais partagé le témoignage de sa sœur quelques jours avant. L'entendre a fini de m'achever.

Puis, forcément, même 10 jours après, j'ai vu fleurir à nouveau les analyses des uns et des autres. Les récupérations politiques. Les théories foireuses du complot. Encore une fois, les juifs sont forcément derrière tout ça.
Visiblement, on n'apprend pas tant que ça du passé.

Et d'un autre côté, j'ai lu, éberluée, la complainte de certains de mes coreligionnaires sur le traitement médiatique français de l'actualité (terrible) en Israël. Sur ces attentats quotidiens au couteau, et ces victimes toujours trop nombreuses.
J'ai lu leur indignation face au "silence des médias français" depuis le 13.
Et la colère est montée.
Progressivement, à chaque nouveau statut sur le sujet.
Je n'ai rien dit.
Sans doute l'effet bénéfique du sevrage évoqué plus haut.
J'ai préféré dire ici ma colère.
Envers les français qui s'indignent, d'ici et de là bas.

Comment pouvez-vous exiger des médias français qu'ils parlent, évoquent quotidiennement ce qui se passe de tragique là bas? Quand on sait que que la France subit ici?
Bien entendu, je suis triste et angoissée de ce qui se passe là bas.
Bien entendu, souvent je m'indigne moi aussi du traitement médiatique français.
Bien entendu, j'ai peur pour ma famille, mes amis qui vivent sur le sol israélien.
Bien entendu, je tremble pour leurs enfants.
Bien entendu, j'ai mal pour ces parents qui perdent injustement leurs enfants.

Mais bordel : vous n'en avez pas assez de vous plaindre de ça?

Quand comprendrez-vous qu'en journalisme un sujet en chasse malheureusement un autre?

Qu’aujourd’hui on parle quotidiennement des suites des sanglants attentats de Paris, de la traque des terroristes?
Comment oser écrire dans certains statuts que désormais les français non juifs vont comprendre ce que les juifs vivent au quotidien? (Vu plusieurs fois)
Comment oser écrire un truc pareil?
J'aurais pu parfaitement être au Bataclan ce soir là, si le groupe qui jouait avait été celui que je suis allée voir la semaine d'avant.
Ma petite sœur aurait pu être dans ce quartier parce qu'elle aime y sortir.
Mon mari aurait pu être dans Paris à l'heure exacte des fusillades, s'il n'avait pas eu à rentrer exceptionnellement plus tôt puisque je n'étais pas là. Pas à Paris.

J'ai eu autant la nausée en lisant ces statuts, qu'en apprenant les fusillades du 13.
J'ai eu le même sentiment qu'en janvier, où certains n'ont eu de cesse de répéter, suite aux attentats, qu'il n'y avait plus d'avenir pour les juifs de France. De lire qu'ils était "Alya" plutôt que "Charlie".
Libre à vous de partir, et d'être heureux en Israël.
Mais cessez de cracher dans la soupe.
C'est trop facile.
Personne n'a jamais dit que la France était parfaite dans ses décisions, dans ses médias, dans ses dirigeants... Mais elle vous a élevés, éduqués et a sans doute pris en charge certains de vos soins médicaux.
Donc stop.
Quand Sarkozy a dit "La France, tu l'aimes ou tu la quittes", vous n'étiez pas les derniers à applaudir.
Ce discours vous va quand il s'applique aux voyous que ce dernier voulait "nettoyer" au karsher.
Mais ces mots s'appliquent à tous ceux qui, comme vous, ne savent que cracher dans la soupe... et oublient un peu vite certaines valeurs.

Oui, le visage de la France a changé, mais c'est ce pays qui a accueilli vos parents et grands-parents chassés de leurs pays d'origine.
Et c'est dans ce pays qu'ils ont tout fait pour que vous ayez la chance de vivre sereinement.
En vous indignant du traitement médiatique de l'actualité israélienne, vous ne faîtes pas mieux, à mes yeux, que ces petits voyous de banlieues.
Prenez exemple sur la dignité des endeuillés qui vont devoir affronter seuls les projets qu'ils avaient commencés à deux.
Ou alors, cessez d'être des "indignés de salon" et partez vraiment.
Courrez ce risque.
Comme vos aïeux l'ont fait avant vous.
Quittez votre confort pour l'adversité.
Allez voir que la vie n'est pas plus simple là bas. Que les médias ne sont pas plus tendres.
Je sais que c'est bientôt Noel, mais il serait temps de réaliser que le père Noel, c'est juste un concept marketing de Coca Cola, à la base.

J'ai des potes qui ont perdu des potes le 13. C'est à ceux que j'ai envie de penser.

Vassilia



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire