vendredi 1 janvier 2016

Le premier jour...

Le premier jour du reste.
Depuis l'enfance, pour rire, avec mon père on se souhaite une "bonne année civile et fiscale" en raison du fait que nous fêtons le nouvel an juif vers septembre.
Depuis toujours, le 31, la saint sylvestre, c'est l'occasion de se coucher (très) tard (enfin ça, c'était avant d'avoir des enfants, parce que soyons honnêtes, depuis que ces charmantes têtes blondes  ont débarqué, a minuit, il n'y a plus personne, et on prie pour que leur réveil interne tombe en panne le 1er janvier!).
Depuis quelques années, c'est aussi, avec le 25 décembre, l'autre jour de l'année où je vais pouvoir profiter de mon cher et tendre pour plus de 24h car il ne travaille pas du tout.
Et c'est plutôt agréable.
Il nous est arrivé de fêter la saint sylvestre chez les copains, pas forcément à Paris, a beaucoup manger en peu de temps.
Cette année, grossesse oblige, on a du faire ça à la maison, au calme. Couchés peu après minuit. Mais on a dîné avec des chapeaux pointus!
Faut pas deconner non plus.
Le 31, c'est aussi forcément l'occasion des bilans, des résolutions, des remises en questions.
L'année 2015 a commencé et se termine avec un goût amer. Un goût d'obscurantisme, de méfiance envers les autres. De lassitude aussi.
Pour ma part, une certaine lassitude de voir comment sont traitées les informations qui proviennent de part et d'autre du globe.
De voir comme on continue, année après année, à être les dindons de la farce.
Et elle est loin d'être drôle, la farce.
À constater avec ce qu'il faut de tristesse que les hommes se succèdent au pouvoir, mais que le pouvoir n'est finalement peut être pas tant que ça entre leur mains.
De voir que certains petits intérêts prennent le pas sur la sécurité de nations entières.
Faire le constat que la communication a pris le pas sur l'action. Et qu'avec l'instantanéité des échanges, la profondeur, la réflexion, la connaissance se perdent. 
On doit réagir à tout. Et vite. Et bien.
Sinon, on n'est plus digne... De quoi? Ça reste à définir, mais c'est vaste.
Aujourd'hui 1er janvier 2016, l'obscurantisme a encore frappé.
Dans un bar gay de Tel Aviv. 
Le bilan actuel fait état de deux morts sept blessés.
On va me dire : oui mais là bas ils ont l'habitude. Et puis, tu sais, ces pauvres palestiniens... 
Oui mais, la, encore, c'est un arabe israélien qui est l'auteur de ces meurtres. 
Comme les français qui ont attaqué le stade de france et le bataclan le 13 novembre dernier.
C'est tout pareil. C'est un type qui travaillait très probablement en israel et qui en dépit des droit dont il dispose, (en matière de santé etc) est entré  et a tiré.

Ça a beau être quotidien ou quasi, c'est toujours une colère sourde qui me prend quand je lis ça.
C'est toujours le même réflexe que m'assurer que ceux qui me sont chers et vivent sur cette terre vont bien.
Cependant, et bien que mon empathie soit pleine et entière, que je tremble pour chacun des soldats, des civils, c'est en France que je vis.
C'est en France que se déroule mon quotidien, que j'élève ma fille, que je bosse, que je paie des impôts et plus que tout que je vote.
J'aurais beau inscrire en lettres capitales "je suis tel aviv" en gros sur mon statut Facebook, ça ne changera pas cette réalité.
Je ne vis pas en israel, et je trouverai ça presque insultant, si tel était le cas, de voir certains donner leur avis sur ce pays, sa politique, quand on ne connaît comme moi, finalement, que la plage banana, quelques bons Restau, et le kotel. Ou presque.
Alors certains parlent d'indignation sélective face au terrorisme, et reprochent aux juifs français de n'avoir pas apposer un drapeau israélien en soutien, comme cela a été fait pour suite aux attentats du 13/11 à Paris.
Mais, bien qu'Israël ait montré dans sa globalité son soutien à Paris, a l'instar de nombreux grands pays, vous, français qui vivez en israel, qui peut être y votez, et qui forcément y payez des impôts : quelle a été votre action ? Si ce n'est d'avoir vivement inciter les juifs Français à quitter la France? Arguant que ce pays est mort ?
Je n'ai pas vu parmi vous de drapeaux français sur vos photos de profil.
Et je ne vous en veux absolument pas.
Vous ne vivez plus ici. Que vous ressentiez une empathie pleine et entière pour vos proches qui sont là est normal. 
Elle est la réciproque du sentiment que je décrivais plus haut.
Mais pourquoi ce concours dans l'empathie?
Pourquoi toujours cette escalade de " attention tu n'as pas réagi assez vite", "tu n'as pas adopté le statut adéquat sur ton profil Facebook et c'est mal".?
Depuis des années, je dénonce sans relâche les biais de traitement de l'info quand il s'agit d'Israel, je défend ce pays pour un tas de raisons qu'il serait trop long d'énoncer mais la plus importante de toutes étant juste cet attachement irrationnel pour cette terre qui a vu naître bon nombre des membres de ma famille et surtout mon père.
Mais par pitié, à vous tous, français ou anciens français ayant faut votre alya: arrêtez de donner des leçons à tout va aux juifs français qui continuent à vivre en "galout".
Vous avez fait un choix qui vous honore sans doute, mais n'oubliez pas non plus d'où vous venez.
J'aime profondément Israel, et je n'y vais pas assez souvent. Je tremble au sens propre à chaque nouvelle attaque. Mais je tremble aussi, ici à Paris, depuis des semaines, en constatant à quel point la sécurité des gens que j'aime est "discutable".
Et je n'exige pas des français vivant en Israel qu'ils tremblent comme moi. Parce que je considère qu'ils ont déjà assez à trembler.
Alors, faites de même. 
Vassilia 

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