mardi 17 octobre 2017

Forcément, depuis quelques jours, on réfléchit.

Forcément, depuis quelques jours, on réfléchit.
On fait le compte.
On discute.

Le compte :

Il est des compta qu'on préfère oublier.
Par instinct de survie.
Depuis quasiment deux jours, je constate que cette mémoire sélective permettant la survie s'appliquent à  beaucoup, sans que jamais aucune technique n'ait été enseignée nul part.

Reconnaître une identité remarquable, j'ai appris.
Construire un programme informatique, j'ai appris (même si j'ai un peu oublié).
Faire l'inventaire des "porcs" qui ont croisé ma vie, pour mieux les oublier : c'est inné.

Mais, je vais faire l’effort.
Je ne suis pas comédienne.
Je ne suis pas célèbre.
J'ai la chance, parce que ma vie est faire comme ça, d'avoir autour de moi des femmes qui écrivent, jouent, composent, chantent, produisent, posent (parfois même tout à la fois).
Le milieu, je le connais, un peu, de loin.
Et comme tout le monde, je connais ce dicton de "l'actrice qui couche pour réussir".

Seulement, ce diction n'est pas le privilège du monde du spectacle.

Non, ce qui a de bien cool avec les principes misogynes pourris, c'est qu'ils traversent de façon assez "équitables" les milieux socio-professionnel.

Que dans ma vie d'anonyme, de lambda, j'ai eu cette occasion à maintes reprises de faire les frais de l'hypocrisie dénoncée depuis deux jours.

#balancetonporc 

Ce prof de sport de sixième qui me balance "qu'avec un corps pareil", je devrais être forte dans sa discipline" (il devrait me voir, après deux gosses, il déchanterait), la vraie question étant : en quoi ce corps d'ado pré-pubère rentre en ligne de compte pour expliquer mes faibles résultats dans sa matière?

Quand à 18 ans, en vacances en famille, dans un club de vacances non moins familial, un homme marié de 30 ans me plaque dans un coin du restaurant, au cours d'une bataille de glaçons qui avait éclaté quelques instants auparavant avec un tas de vacanciers heureux, pour me dire "que je le rendais fou", sans avoir rien demandé.
Autant dire que je prenais soin d'éviter de le croiser les jours qui suivirent.

Quand, alors que j'avais une vingtaine d'années, je rentrais en pleine journée de la fac, après avoir bûché sur mes partiels et enchaîné quelques nuits blanches, je m'endors dans mon train de banlieue et que je me suis réveillée par la sensation qu'on me touche la jambe. Et que je constate encore endormie que mon voisin d'en face me caresse la jambe d'une main et agite son autre main dans le pantalon...

Quand quelques années plus tard, en stage dans un quotidien économique, un journaliste me met une main aux fesses en passant près de moi dans le couloir qui nous emmenait à la conférence de presse donnée par le ministre de l'économie de l'époque. Puis qu'il passe toute la conférence à me scruter sans retenue.

Quand quelques semaines après, le redac chef de ce même quotidien me propose un boulot si je sais être gentille avec lui.

Quand, bien des années plus tard, en rentrant en métro dans un arrondissement huppé de l'Ouest parisien, vers 21h, dans une rame quasiment déserte, trois hommes m'ont entourée sur les places à 4, l'un deux jouant de son opinel sur sa main, puis ma cuisse, (sans que les rares personnes présentes n'interviennent, mais c'est un autre débat), me forçant à quitter la rame plus tôt, pour surtout ne pas me faire suivre jusque chez moi...

Quand, il y a quelques mois, un jeune homme me suit sur 100 mètres depuis ma voiture jusqu'à quasiment mon lieu de travail, car "il me trouve charmante et souhaiterait m'inviter à prendre à verre" et que devant mon refus persistant, il me suit de prés, quand même...

Au final, c'est presque 25 ans.
Pas en continue, certes...
Mais autant d’expérience contre lesquelles on doit s'armer.
En évitant de se garer dans des coins mal éclairés le soir, en verrouillant la voiture, sitôt montée dedans, en restant vigilante aux pas derrière soi le soir, si on marche seule, dans la rue.

Alors certes, on critique celles par qui le scandale arrive, parce que bon, quand même ce sont des actrices.
Parce que ça soulève la question du "jusqu'où sont-elles prêtes à aller pour réussir?".
Mais c'est cette question là même qui ne devrait même pas être posée.
C'est cette vérité tacite, admise.. Ce soupçon que la femme qui réussit s'est forcément vu offrir la possibilité d’accélérer son ascension en vendant son corps.
Parce qu'historiquement le pouvoir est détenu par les hommes.
Et qu'implicitement, ce pouvoir leur donne l'occasion de bénéficier de faveurs... en échange de.

Ce que ce producteur américain m'inspire, outre le dégoût, c'est que la frustration qu'a dû être la sienne au long de sa vie en raison de son physique repoussant, et  manifestement pas comblé par d'autres qualités, et le pouvoir dont il jouit (sic) associé à des siècles de sociétés patriarcales où les femmes sont considérées comme des trophées, font ce mélange abject où des jeunes actrices subissent les avances (même ce mot est trop doux) d'un homme imbus de pouvoir, qui sait que la seule façon qu'il aura de conclure c'est de jouer de ce dernier.

Que certaines aient pu utiliser leurs charmes pour accéder plus rapidement à la notoriété, si elles l'ont fait en toute conscience : c'est leur droit.
Si d'autres ont refusé de céder, se sont vue refuser des rôles, voir mises au placard : dénoncer ce système est aussi leur droit.


Il serait temps d'éduquer les générations futures d'hommes en leur expliquant que les femmes n'ont pas à marchander leur corps, ou leur sexualité.
Chacun dispose de son corps.
Le sien.
Le pouvoir, quel qu’il soit, n’octroie pas davantage de droits à ceux qui le détiennent.

Vassilia

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