lundi 14 novembre 2016

Le jour d'après, un an après...

Le jour d'après, un an après...
Il y a un an, je me mettais sur OFF. Trop d'images, trop de mots.
Enceinte de six mois et demi je devais me préserver de l'horreur.

Un an plus tard, Facebook et son appli "ce jour là", me replongent dans ces statuts désespérés de gens qui cherchaient des gens qu'ils aimaient et savaient à proximité des attaques.
365 jours se sont écoulés, et le réseau social me propose de publier ces avis de recherche...

Comme quand on perd un être cher, on sait tous ce qu'on faisait quand on a appris les attaques. On se souvient presque minute par minute de cette soirée, et des heures, jours qui ont suivi.
On se souvient qu'on a voulu serrer très fort ses enfants dans les bras, qu'on a eu besoin de sentir le souffle de l'homme de sa vie.
Que d'un coup des choses dérisoires nous ont semblé formidables, comme sentir l'air remplir ses poumons.

Personnellement, je dînais dans le vieux Nice avec mon amie Valérie. On devisait sur la vie, l'avenir quand son alerte Figaro s'est emballée.
Une fusillade dans le 18ème.
Puis l'annonce du Bataclan.
Un "Mais ce n'était pas là où tu étais la semaine dernière?" se fige au dessus de nous.
On a abandonné l'idée du dessert pour aller se coller à la télé.
On sait tous ce qu'on faisait le 13/11 et on se l'est raconté 100 fois.
On s'est signalé en sécurité.
On s'est assuré que les gens qu'on aime, qu'on savait à proximité étaient en sécurité.
On a évité de regarder les images de la salle du Bataclan.
On a essayé d'oublier que 9 jours avant on y écoutait un groupe de rock, avec son bide qui portait la vie.
On s'est identifié à Aurélie qui a perdu l'amour de sa vie.
On a pensé à Lamia, la lumineuse, qui a été emportée en dînant en terrasse avec son amoureux. Tous les deux ont trouvé l'amour éternel.
On a mis un drapeau tricolore sur sa photo de profil.
Et on a prié pour Paris.
On se souvient de cette gueule de bois géante du lendemain. Sans avoir jamais bu une goutte d'alcool on savait que Ce mal de crâne, et cette nausée c'était comme une cuite.
Comme on aurait préféré avoir descendu des litres de vodka.
Le lendemain, dans des rues désertes on a traîné notre peine et notre incompréhension.

Je comptais les heures qui me séparaient du retour. Je voulais serrer mon mari et ma fille.

Puis la vie a repris, forcément.
C'est ce qu'il y a de magique avec ce truc là.
C'est que la vie continue.
Elle est à la fois belle et cruelle la vie : parce qu'elle ne montre sa valeur que le jour où elle se barre.
Quand on la regarde passer.
Parce que si on prend le temps de vraiment l’apprécier, on l'aime à mort cette vie.
On n'a pas envie qu'un enfoiré nous la prenne pour se taper 70 vierges au paradis. (Tu y crois vraiment mecs? 70 vierges? Si elles le sont encore c'est peut-être parce que c'est des thons... tu y as pensé à ça?)

Hasard du calendrier, l'année d'avant, je publiais un statut où je m'impatientais de la sortie du film "50 nuances de Grey" (que je suis allée voir le soir de se sortie, en février 2015, avec mes copines!).
Il y a neuf ans, on fêtait l'anniversaire de Clémence, et de très jolies photos en témoignent. (Mais qu'on était jeunes)
D'un coup, la réalité, c'était ça.
C'est avant cette horrible soirée. Des moments doux, d'autres moins. Mais la vie.

Alors, on ne va pas tout oublier, parce que c'est ancré dans notre chair.
Mais on va se dire que la vie est belle, et qu'il va falloir botter le cul de ces décérébrés.
Qu'on va devoir, d'une manière ou d'une autre tenter de mettre un peu de lumière là où d'autres tentent d'inverser les valeurs.
Non mec, il n'y a pas 70 vierges en chaleur qui t'attendent au paradis (d'ailleurs avec ton engin explosé, tu vas les faire kiffer comment, tes meufs?).
On ne va pas non plus les combattre avec un lâché de ballons tricolore (coucou Anne Hidalgo).
Ni en trouvant des circonstances atténuantes (tu comprends ils sont allés de foyers en foyers) dans mille reportages pour M6 et les autres.
On va devoir faire preuve d'intelligence.

Comme il y a un an, je ne sais pas davantage aujourd’hui comment faire concrètement pour agir à mon niveau.
On a tous une responsabilité.
Mettre un peu d'intelligence dans ses choix constitue à mon sens un bon début.
Et ne pas se laisser séduire par des discours trop alarmistes ou à l'inverse complètement coupés de la réalité.
Arrêter de compter sur les acteurs politiques, de tous bords, pour régler nos problèmes.

Mais vivre surtout. Complètement. Et chérir chaque jour qui s'offre à nous.
Pas comme le dernier, mais comme le signe d'une flopée d'autres jours foutrement merveilleux à venir.

Vassilia

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