dimanche 11 janvier 2015

De la volonté d'agir....

Je suis Charlie, je suis juive, je suis la liberté de penser, de s'exprimer. Je suis française, républicaine. Dois-je faire un choix dans tout cela? J'ai lu toute la journée l'indignation de mes coreligionnaire sur le traitement de l'attentat d'hier dans le supermarché cacher de Vincennes. Sur comment "personne ne s'était manifesté", ou "n'avait manifesté son soutien" ou "son horreur". J'ai lu le sentiment d'insécurité (justifié) et surtout cette impression qu'on ne reconnaissait pas l'aspect antisémite, la volonté de tuer des juifs de ce fou de dieu qui est entre dans le supermarché. Puis j'ai vu s'afficher les "où étiez vous pour Ilan, pour Toulouse"? J'ai lu des choses sans aucun sens. Avez-vous la mémoire courte? Pour Ilan: nous étions tous dans la rue. Nous avons manifesté entre République et Bastille. Avec des slogans comme "non a la désinformation". Parce qu'à l'époque, le caractère antisémite de l'horreur subie par Ilan n'avait pas été officiellement reconnu. Parce qu'on avait voulu faire passer cela pour un fait divers. Nous sommes descendus dans la rue. Pour Toulouse, les temps avaient changé. Les manifestations ne se faisaient plus sur le pavé mais s'exprimaient a coups de statuts Facebook et de tweets bien tournés. Je les ai vus, moi, mes copains non juifs, pleurer la mort des enfants. Je dois avoir "de la chance". Pour être franche, j'ai vu beaucoup moins de monde pleurer les militaires. J'ai envie de demander a tous ceux dont j'ai lus les statuts plein de révolte aujourd'hui : à part "être Charlie" sur votre avatar, vous êtes vous déplacer "spontanément" au journal pour exprimer votre soutien? Je pense a cela car j'ai vu passer un article qui regrettait l'absence de soutiens spontanés devant le supermarché hier soir. Donc, vous qui, à juste titre, avez changé vos avatars, qu'avez vous fait d'autre? Je ne me place pas en donneuse de leçon. Je n'ai que changé ma photo de couverture, et publié quelques statuts un peu trop longs (mais moins que celui-ci). Mon mari, par exemple, a pris le parti d'afficher ce texte dans son supermarché, et même sur sa voiture. Au risque de tomber sur des clients mécontents. Parce qu'il est le premier à me dire "on est chez nous en France, on va pas se laisser emmerder". Ça n'a l'air de rien, mais même s'il ne vote pas, à mes yeux il a fait davantage (ok, je suis sans doute très amoureuse). Le président de la république (et il est rare qu'il ait mon soutien) a d'office caractérisé l'attentat d'hier d'antisémite, sans équivoque. Le premier ministre (qui ne remporte pas plus mon adhésion) a rappelé que la france sans les juifs, ça n'était pas la france. Que faut il de plus? J'ai vu quelques rares contacts afficher un "je suis juif" sachant qu'ils sont loinsde l'être, en soutien. Je les ai remercié, pour ce que cela implique. La perte tragique de 4 hommes innocents c'est déjà trop. Parce ce que même sans lien de parenté direct, ils sont forcément de cousin, le frère, le mari de quelqu'un qui connaît quelqu'un qu'on a un peu connu. Parce que quand on touche a un juif, on touche a tous les juifs. Je n'avais pas besoin d'avoir leur nom pour avoir mal. Et pourtant, j'en ai lu des statuts qui s'indignaient de l'absence d'information sur leur identité. Arguant sur la hiérarchie dans l'importance des morts. Pouvons nous supposer un instant qu'il y ait eu besoin d'identifier? Voir même de prévenir les proches? A l'ère de l'instantané, du "tout, tout de suite, on s'étonne de l'absence d'info, et on oublié l'effort d'analyse. Est-ce pour autant qu'il faut cracher sur la France? Je ne peux pas me résoudre a cracher sur le pays qui a accueilli mes grands- parents, a donné une éducation à mes parents. Un pays dans lequel j'ai pu faire des études sans m'endetter sur 4 générations, ou je peux encore librement m'exprimer, ou je vote, ou je travaille. Sinon, je joue le jeu de ces terroristes. Français comme moi, mais qui, férocement embrigadés, ont décidé de mettre la France, ses institutions, ses principes, ses citoyens en danger de mort. Aucun pays n'est parfait. Mais je suis chez moi. Oui, je flippe, a mort. Je crève de peur et je m'en veux d'avoir peur. Parce que je ne devrai pas. Pare qu'être juif en France (et partout ailleurs) ne devrait pas filer la trouille. (Sauf pour la bouffe ashkénaze mais c'est un autre débat). Mais cette trouille ne date pas d'hier. Ni de Toulouse. Elle remonte. Ce n'est néanmoins pas pour cette raison que je ferai mon alyah. Comme j'ai pu le lire toute la journée. Je pourrai "facile" en plus, niveau papiers, j'ai rien a faire. Mais ma place est la où je l'aurai décidé, pas la où on l'aura décidé pour moi, en m'effrayant. C'est à nous, citoyens français d'être vigilants, d'être attentifs, partout tout le temps. De nous inspirer de modèles de pays où la question de la sécurité est au centre. Je pense évidement a Israël qui vit avec cette menace au quotidien depuis sa création. C'est a nous de veiller à ce que cela n'arrive plus. Il serait temps que nous cessions de nous plaindre que le "gouvernement soit incompétent" pour nous protéger. Protégeons nous les uns les autres. Agissons au lieu d'attendre. Les hommes politiques, les gouvernements qui se succèdent n'ont pas de super pouvoir. Il y a parfois des hommes et des femmes qui sortent du lot, mais en attendant, c'est a nous d'agir pour nous. On peut aller manifester demain ou pas, en fonction de son avis, de ses peurs. Mais c'est à après demain qu'il faut penser. Quand l'effervescence sera calmée, quand un nouveau scoop viendra animer nos chaînes d'info, la menace sourde n'aura pas disparu, elle. Parce que c'est comme ça que ça se passe. Un sujet viendra chasser celui-la. Alors, égosillez-vous ici, ou a table en famille sur "de toute les façons quand c'est de juifs c'est pas pareil", essayez de vous convaincre mutuellement "que de toute les façons il faut partir". Mais prenez le temps de réfléchir aux mesures de prudence que chacun peut appliquer a son échelle. Je ne sais pas encore si j'irai manifester demain, la récupération politique me gêne. Je me dis aussi que ça risque d'être un sacre bordel, vu qu'ils ont invité tout le gratin. On verra. Peut-être à demain du coup.

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